Introduction
S’inscrivant dans la lignée des travaux d’Erving Goffman (1973) et d’Isaac Joseph (1984, 1998a, 1998b), la sociologie urbaine définit les espaces publics comme des espaces physiques de rencontres socialement organisés. Le terme désigne alors un espace d’expériences, « un lieu central d’identification et de rencontre » selon l’Institut fédéral allemand de recherche pour la construction et le développement urbain (2015). Lieux de communication, d’interaction parfois d’identification, l’espace public est au centre du développement des villes, des pays. Mais l’aménagement de cet espace peut être source de conflit politique et un sujet controversé. C’est le cas avec la destruction des statues et monuments de l’ère de l’ex-président Laurent Gbagbo par le président Alassane Ouattara à Abidjan (capitale économique de la Côte d’Ivoire), qui est au cœur de cet article.
En effet, l’aménagement des espaces publics d’Abidjan a été l’une des premières actions du gouvernement d’Alassane Ouattara quelques mois après la prise de fonction de ce dernier à la présidence. Cet aménagement s’est traduit par la destruction de tous les monuments et statues construits dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire, de 2000 à 2010, sous les 10 ans de pouvoir du président Laurent Gbagbo. Entre autres monuments détruits, on a La statue de la Liberté au carrefour de la commune de Yopougon Siporex, Le baiser des éléphants avec des trompes croisées à l’entrée et à la sortie de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny dans la commune de Port-Bouët, la statue Saint Jean dans la commune de Cocody, etc. La première a été remplacée par un jardin de fleur, la seconde une statue à l’image de deux personnes qui se font des accolades et la troisième par une fontaine. Cet aménagement a occasionné des prises de parole médiatisées exprimant des divergences d’opinions politiques et religieuses.
Cette étude sémiotique porte sur l’aménagement de l’espace public comme sujet à controverse. Nous défendons l’hypothèse selon laquelle les discours médiatiques en situation de conflit politique et urbain peuvent témoigner de plusieurs formes d’appropriation qu’il convient de mettre également en exergue, au-delà des traces langagières de controverses qu’on pourrait répertorier.
Comment l’aménagement des espaces publics peut-il être un sujet controversé et comment peut-il témoigner d’une appropriation politique ? Telle est la problématique que cette étude se propose d’élucider.
Ainsi, cet article interroge des prises de parole controversées qui ont agité le climat socio-politique ivoirien après l’aménagement des espaces publics d’Abidjan en 2011. Il s’inscrit dans un dialogue entre la linguistique, la sociologie et la sémiotique autour de la question de l’énonciation controversée et de l’appropriation politico-urbaine. Nous désignons par appropriation politico-urbaine la mainmise des hommes politiques sur des espaces publics pour leurs intérêts politiques.
L’article présente d’abord le contexte scientifique et la méthodologie adoptée. Ensuite, après la présentation du corpus d’étude, nous procéderons à l’analyse de l’énonciation controversée en prenant soin d’annoncer le sujet de cette controverse. Enfin, nous procéderons à une interprétation sémiotique des formes d’appropriation qu’implique cette destruction des monuments d’Abidjan.
Contexte scientifique et démarche méthodologique
Développées dans le cadre d’une approche immanentiste de la langue en elle-même pour elle-même d’un point de vue saussurien, les approches sémiotiques ont progressivement évolué et outrepassent les limites structurales. La sémiotique s’installe dans un monde scientifique de plus en plus marqué par un entrelacement disciplinaire du fait de son objet d’étude, « le sens ». La sémiotique est, en effet, « l’étude des produits signifiants (au sens large : un mot, un texte, une image, etc.), c’est-à-dire qui véhiculent du sens » (Hébert 2018). En d’autres termes, la sémiotique se définit comme une théorie générale de la signification qui rend compte des conditions d’émergence et des modes d’articulation du sens investi dans les discours, les pratiques, les controverses (Jackiewicz 2017 ; Bottini et Julliard 2017), les objets de tous ordres. Ainsi, depuis plus de vingt ans, la sémiotique a outrepassé les limites textuelles (Fontanille 2008) et s’intéresse aux designs d’objets (Beyaert-Geslin 2012), aux stratégies marketing (Floch 2003), à l’architecture, à l’urbanisme, à la construction d’une sémiotique des situations (Landowski 1989 ; Esquenazi 1997), etc. Nous situons cet article dans l’élargissement des champs d’analyse de la sémiotique ; principalement dans l’analyse socio-sémiotique de l’énonciation et de l’appropriation controversée.
Définition de la controverse et bref état des lieux
La controverse est une contestation, une polémique sur une opinion, sur un fait, autour d’un sujet sensible ou de déclarations qui ne font pas l’unanimité. Le sujet controversé est, alors, l’opinion, le fait, le sujet sensible ou les déclarations qui ne font pas l’unanimité.
Ainsi, les controverses ouvrent des séquences de débat mobilisant une multitude d’acteurs sociaux qui interviennent pour développer des argumentations et des points de vue contradictoires, lesquels expriment des versions différentes du monde (Callon 1986). Elles affichent le social dans sa forme la plus dynamique, puisqu’elles sont le lieu d’alliances ou de dissolutions d’unités sociales inattendues (Latour 2004).
Les récentes études des controverses s’intéressent aux réseaux socio-numériques car ils « constituent une arène privilégiée d’échanges sur les grandes questions ou controverses d’intérêt public, qu’elles soient d’ordre politique, sociétal, religieux ou économique » (Jackiewicz 2016). Sans exhaustivité, nous pouvons citer les études de Virginie Julliard et Maxime Cervulle (2013) sur la construction discursive de la « différence des sexes » telle qu’elle émerge des deux controverses sociétales portant respectivement sur la parité et « le mariage pour tous » ; de Maxime Cervulle et Fred Pailler (2014) sur l’ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe ; d’Agata Jackiewicz (2017) présentant une grille notionnelle destinée à guider l’interprétation des traces langagières des controverses telles qu’elles se manifestent sur la plateforme Twitter ; et celles de Thomas Bottini et Virginie Julliard (2017) qui articulent la sémiotique et l’informatique pour saisir la manière par laquelle les propriétés techno-éditoriales de microblogging de Twitter influent sur cette production. Toutes ces études de la controverse ont en commun leur intérêt pour l’espace numérique (précisément pour le réseau Twitter) comme lieu d’expression de controverse même si le sujet controversé étudié diffère. Elles s’attachent soit à collecter et analyser les traces verbales de ces controverses soit à fournir un ensemble d’outils d’analyse pour en rendre compte.
Cette présente étude sémiotique investit à la fois les médias classiques (la presse écrite) et les réseaux numériques (blog et Facebook). En plus des espaces médiatiques et numériques, l’aménagement de l’espace urbain (envisagé comme sujet de controverse) est principalement pris en compte par l’analyse. Cet aménagement urbain est l’action déclencheuse des prises de parole controversées dans la presse écrite, et sur les réseaux socio-numériques. Se référant aux théories de l’énonciation et de l’appropriation, la sémiotique aborde ici une controverse conséquence d’un aménagement urbain.
Cadres théoriques
Les théories d’analyses convoquées dans cette étude sémiotique des controverses engendrées par la destruction des monuments d’Abidjan sont la théorie de l’énonciation et de l’appropriation. Ces théories sont pour nous les modèles d’analyse adéquate pour cette étude des prises de parole controversées en situation de conflits politico-urbains. Le choix de l’analyse de l’énonciation s’explique par le fait que les concepts de situation de communication et de situation d’énonciation développés sont pour nous des éléments indispensables à la description du sens. Aussi parce que le sujet à controverse objet de notre étude (la destruction des monuments) s’inscrit inévitablement dans un contexte socio-politique, spatial et temporel qui participe à la compréhension du discours.
Nous soutenons également que le principe de ces discours controversés (suscités par la destruction des monuments d’Abidjan) réside dans l’appropriation de l’espace public pour des intérêts purement politiques et non urbains. Cette présente étude s’intéresse à l’énonciation (particulièrement à la situation de communication et à la situation d’énonciation) et à l’appropriation sémiotique qui seront définies ici et appliquées dans la suite de la rédaction.
La théorie de l’énonciation
Le fondateur de la théorie de l’énonciation est Émile Benveniste. Il pose les bases de cette théorie dans Problème de linguistique générale publié en 1966. Il y définit l’énonciation comme une « mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation » (Benveniste 1966).
Cette théorie s’attache à réintroduire dans l’analyse linguistique les pôles de la communication (émetteur et récepteur) et la situation de communication (qui se réfère aux coordonnées temps et lieu de la communication). Ainsi à la suite de Benveniste, les notions de « situation de communication » et de « situation d’énonciation » sont conceptualisées et précisées par des théoriciens tels qu’Antoine Culioli (1990), Catherine, Kerbrat-Orecchioni (1980), Dominique Maingueneau (1993a, 1993b, 1998), Jean-Pierre Esquenazi (1997) et Laurence Bardin (2013).
La situation de communication se définit comme étant l’environnement social, politique, idéologique… de l’énoncé. L’analyse de la situation de communication porte ainsi sur l’ensemble des conditions de production/réception du message transmis par un sujet communiquant et reçu par un sujet interprétant. Ces sujets (émetteur et récepteur) sont tous les deux les acteurs réels de l’acte de communication et donc de l’espace externe de l’énonciation. La situation de communication constitue, de ce fait, un aspect fondamental de la désambiguïsation des énoncés ainsi que l’identification des différents paramètres de l’acte communicationnel.
Tout énoncé, avant d’être ce fragment de langue naturelle que le linguiste s’efforce d’analyser, est le produit d’un événement unique, son énonciation, qui suppose un énonciateur, un destinataire, un moment et un lieu particulier. Cet ensemble d’éléments définit la situation d’énonciation (Maingueneau 1998).
Analyser la situation d’énonciation d’un discours revient à identifier : Qui parle ? À qui ? Où ? Quand ? Ces questions permettent d’identifier trois repères.
Toutefois la question du « qui parle » a un double enjeu : il s’agit de trouver un nom, une identité, mais aussi de repérer une manière de penser, la subjectivité. Il faut donc se demander dans quel but celui qui parle formule ses propos.
L’appropriation en tant que chantier sémiotique
Selon Pierluigi Basso Fossali (2018), « l’appropriation peut être conçue comme l’initiative de rendre “propre” quelque chose à une destination, ce qui met en jeu de nouveau l’être du bien possédé ». Il souligne également que « chaque saisie n’est jamais innocente et qu’une empreinte subjective a enfin été laissée sur ce qu’on a appris ».
Selon Marion Colas-Blaise (2018), « l’appropriation est d’abord le faire propre, l’emploi pronominal du verbe “s’approprier” mettant dans le jeu, d’emblée, un possesseur et un possédé. » Sémiotiquement, l’appropriation renvoie à une interaction entre un « soi » et un « non soi » ou « à l’altérité ». Le « soi » renvoie au sujet opérateur exerçant l’action d’appropriation, et le « non soi » (ou « l’autre », « l’altérité ») concerne généralement le sujet-objet subissant l’action ou/et le sujet destinataire de l’action.
Nous verrons dans certains discours que la politique d’embellissement de la ville d’Abidjan par l’ex-président Laurent Gbagbo (qui a fait naître ces monuments et statues) est décrite comme une mainmise de ce dernier afin d’asseoir sa notoriété politique. La destruction de ces monuments par l’adversaire politique, le président Alassane Ouattara, pourrait alors s’inscrire dans une quête de réappropriation de ces mêmes espaces publics.
Présentation du corpus
Notre corpus est un ensemble d’articles de journaux, de blogs, sur Facebook. L’idée est de recueillir assez de discours sur la question de la destruction des monuments de la ville d’Abidjan afin d’analyser tous les indices de controverse. Notons qu’en Côte d’Ivoire, la liberté d’expression et le droit de manifester contre une action ou une décision politique restent théoriques. Dans la pratique, les opposants et manifestants sont sévèrement réprimés. Ainsi par peur de représailles, il n’y a pas eu de protestation de la population contre la destruction des monuments. Si les quotidiens Le Patriote et Nord-Sud (proches du pouvoir en place) expliquent que tous les Ivoiriens étaient satisfaits de cette destruction de monuments et statues d’Abidjan, timidement le quotidien L’intelligent d’Abidjan (proche du président déchu Laurent Gbagbo) relate le contraire. Abdoulaye Sangaré (2017) souligne que « l’essentiel de la presse quotidienne d’informations générales s’est apparenté, de façon systématique, aux partis et groupements politiques et en a constitué par conséquent les outils de propagande ». De ce fait, les presses quotidiennes jugées hostiles au pouvoir politique ont vu leurs sièges et lieux de vente saccagés par les militants partisans de ces derniers. L’arrivée au pouvoir de l’opposant Alassane Ouattara ne changera pas ce climat médiatique ivoirien qui restera le reflet de la mainmise du pouvoir politique. Si les discours contraires à ceux du gouvernement d’Alassane Ouattara (pour justifier la destruction de monuments d’Abidjan) sont moins présents dans les presses quotidiennes ivoiriennes, ils restent présents sur Facebook et certains blogs tels que celui d’Aymard. Notons également qu’en 2011, Twitter et bien d’autres espaces socio-numériques sont moins développés, moins utilisés et quasiment absents en Côte d’Ivoire.
L’originalité de ce corpus réside donc dans la diversité des supports de communication utilisés pour exprimer des opinions divergentes sur la question de la destruction des monuments d’Abidjan. Cette diversité des supports de communication est due au climat médiatique et politique ivoirien que nous venons de présenter.
Destruction des monuments d’Abidjan et discours médiatiques controversés
Juste deux semaines après la fin de la crise post-électorale, marquée par l’arrestation de l’ex-président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, la destruction des monuments des espaces publics d’Abidjan suscite plusieurs prises de parole médiatiques. La compréhension du sens de ces discours médiatiques et l’identification des indices de controverse ne peuvent se réaliser indépendamment de ses conditions d’existence. Nous trouvons donc utile de présenter ici l’environnement politique et idéologique de la production de ces discours et leur situation de production.
Environnement social et politique des discours médiatiques
L’analyse de la situation de communication des discours objet de notre étude porte sur le contexte socio-politique dans lequel s’inscrit la destruction de ces monuments et statues ; sur les principaux acteurs politiques, sur la présentation des sujets controversés.
Contexte socio-politique
Durant les années de pouvoir du président Laurent Gbagbo, de 2000 à 2010, la ville d’Abidjan a été l’objet d’une politique d’embellissement. Des monuments et des statues ont été installés dans plusieurs espaces publics dans l’objectif d’embellir la capitale économique. Cependant, quelques semaines après le déclin du président Gbagbo, ces monuments et statues sont détruits par le nouveau président de la Côte d’Ivoire.
En effet, après le second tour de l’élection présidentielle de 2010, le premier scrutin depuis 10 ans, la Côte d’Ivoire sombre dans une crise politique post-électorale opposant le président sortant Laurent Gbagbo (candidat à sa propre succession) et Alassane Ouattara. S’accusant mutuellement de fraude, les deux candidats revendiquent chacun la victoire. Finalement, Laurent Gbagbo, président sortant et reconnu par le Conseil constitutionnel, sera arrêté le 11 avril 2011 par l’armée d’Alassane Ouattara, président reconnu par la commission électorale indépendante et par la communauté internationale. Cette arrestation du président Laurent Gbagbo marque la fin de la crise post-électorale et scelle le destin des monuments et statues qu’il a fait ériger dans toute la capitale économique. Ils sont détruits deux semaines après l’arrestation de ce dernier. La destruction des monuments d’Abidjan vient troubler la quiétude qui peine à s’installer au sein d’une population ivoirienne divisée en deux : on a d’un côté le président Alassane Ouattara et ses partisans, de l’autre côté le camp adverse avec les partisans du président déchu Laurent Gbagbo.
Camp Ouattara versus camp Gbagbo
Cet acte de destruction et l’ensemble des explications médiatisées désignent le président Ouattara et ses partisans comme les sujets communicants. Les partisans du président Gbagbo qui réfutent dans leur discours les arguments avancés par le gouvernement du président Ouattara sont alors les sujets interprétants. Les deux acteurs de cette situation de communication sont caractérisés par leur divergence politique, idéologique et discursive sur la question de la destruction des monuments de la ville d’Abidjan et sur les raisons avancées pour la justifier. On en déduit alors deux sujets controversés : le premier sujet controversé est ici l’action de destruction de ces monuments et statues, et le second qui découle du premier est l’ensemble des raisons justifiant cette action qui ne fait pas l’unanimité. Si la destruction de ces moments divise la population, les raisons avancées par le gouvernement d’Alassane Ouattara pour la justifier enveniment les débats comme nous le verrons dans l’étude des discours médiatiques suivants.
En somme, l’analyse de cette situation de communication constitue un aspect fondamental de la désambiguïsation de ces discours médiatiques, dans la mesure où elle révèle l’existence d’un conflit politique antérieur à la destruction de ces monuments et statues. La connaissance de ces faits antérieurs participe à la compréhension de ces prises de parole controversées, objet de notre étude.
Approbation et désaccords
La destruction des monuments et statues érigés par l’ex-président ivoirien Gbagbo donne lieu à trois formes de discours médiatiques. On note des discours qui saluent l’action et l’approuvent d’un côté ; d’un autre côté il y a ceux qui s’en indignent ; en troisième position se situent ceux qui constatent sans prendre position. Mais nous ne traiterons pas cette dernière position.
Approbation à la destruction des monuments
Le 19 avril 2011, le quotidien Nord-Sud publie un article de presse intitulé « La Refondation et le mysticisme, Gbagbo trahi par ses fétiches ? » Cet article explique que :
L’ex-président Laurent Gbagbo aurait enterré tous ces fétiches sous ces édifices dits publics afin de se maintenir éternellement au pouvoir. Une fois ceux-ci démolis, il serait alors affaibli et facile à capturer comme un rat. Les croyances sont tenaces en Afrique et nul ne peut empêcher des hommes de croire à la force maléfique des fétiches. Quel est le rôle d’un édifice ? C’est simplement un ouvrage d’architecture ou de sculpture érigé en mémoire d’un grand personnage ou d’un fait important. C’est une œuvre considérable digne de durer. Or, Laurent Gbagbo qui a tourné le dos au catholicisme s’est appuyé sur ces monuments pour éterniser son pouvoir (Yaméogo 2011).
Selon cet article, la destruction des monuments s’inscrit donc dans un processus de « désenvoûtement de la ville d’Abidjan ». L’ex-président Gbagbo est ici accusé d’être un mystique, un ensorceleur. Cette accusation est étayée par la présentation des découvertes macabres sous la statue de la Liberté installée dans la commune de Yopougon :
Intéressons-nous à l’édifice construit au carrefour Siporex. […] Un trou béant est bien visible. On y sort un tout petit cercueil marron. Les plus courageux affirment qu’il contenait des restes de corps. Mais le meilleur est à venir. Une femme enceinte formolisée est sortie du trou. Un homme, parmi la foule, s’écrit : « c’est ma femme… » Stupeur, silence. Puis, il coule des larmes. On apprend ainsi que sa compagne qui était enceinte, il y a quelques années, avait mystérieusement disparu de la circulation. « Selon certaines croyances, Laurent Gbagbo serait resté au pouvoir tant que cette femme restait enceinte… », jure un quidam. Vrai ou faux ? L’indignation est à son comble. Hier encore, en vain, nous tentions d’avoir en interview ce monsieur totalement dévasté (Yaméogo 2011).
On perçoit dans cet extrait que le journaliste présente son discours comme une transcription directe des faits. Même s’il indique sa présence sur les lieux de découverte, aucune image de corps ni aucune autre preuve ne viennent confirmer l’objectivité de son récit.
S’il désigne les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et la population ivoirienne comme les auteurs de cette destruction en ces termes :
Nous sommes dans le mois d’avril, celui de la révolution en Côte d’Ivoire. L’assaut final lancé par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) bat son plein. La chute du régime Laurent Gbagbo est imminente. Déjà dans la capitale abidjanaise, quelques militaires accompagnés par une population joyeuse s’adonnent à la démolition des statues érigées à différents carrefours. On en retrouve à Cocody (Terminus 81-82), au Carrefour St Jean, à l’Indénié, à Adjamé (Carrefour Mel Théodore), mais aussi à Yopougon Siporex (Yaméogo 2011).
Il précise cependant que les véritables commanditaires de cette destruction sont les nouvelles autorités ivoiriennes, c’est-à-dire le gouvernement du président Ouattara d’alors.
Une chose est certaine, les nouvelles autorités sont décidées à détruire tous les derniers édifices construits par le régime des professeurs. Et le Capitaine Alla Kouakou Léon (porte-parole du ministre de la Défense) a prévenu : « des organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales seront bientôt invitées à assister aux autres destructions de statues qui pullulent encore dans la cité » (Yaméogo 2011).
Le gouvernement Gbagbo est ici qualifié de régime des professeurs en rappel à la fonction d’enseignant de ce dernier. Par cette désignation, l’article efface implicitement la présence de ce dernier au poste de président de la République de Côte d’Ivoire. Ainsi, le quotidien Nord-Sud approuve la destruction de tous les monuments et statues installés dans la ville d’Abidjan par l’ex-président Gbagbo. Il inscrit cette destruction dans un processus de démystification de la ville. Dans ce même registre, son confrère, le quotidien ivoirien Le Patriote, publie le 28 avril 2011 un article intitulé « Assainissement de la ville, Un autre monument de Gbagbo détruit » dans lequel on lit ceci :
Les derniers vestiges du dictateur ivoirien tombent un à un. Les Ivoiriens ont décidé de détruire tous les monuments construits par Laurent Gbagbo. Après les statues de Yopougon Siporex, de Cocody Angré appelée « Simone s’en va au marché », de celle de saint Jean, toujours à Cocody, et de celle des martyrs à Adjamé, hier c’était autour des deux éléphants au niveau du palais de justice, au Plateau d’être détruits par des machines. A la place des deux éléphants surnommés « Laurent Gbagbo et Blé Goudé », il ne reste qu’un trou béant (Le Patriote 2011).
Cet extrait de journal témoigne de l’exécution du mot d’ordre de destruction de tous les monuments précédemment annoncés dans le quotidien Nord-Sud. Toutefois, ce quotidien ne se prononcera pas sur la présence des organisations non gouvernementales nationales et internationales, d’organisations des droits de l’homme et de médecins légistes, annoncée par le gouvernement Ouattara. Il reste également très vague sur la présence des corps humains sous les monuments détruits :
Selon les témoins trouvés sur place, c’est aux environs de 8 heures du matin que la machine commise pour la tâche a commencé son travail de démolition. […] Les curieux qui se sont attroupés dans les environs attendaient impatiemment […] de voir si des ossements humains avaient été ensevelis en bas de cette statue. En effet, selon la rumeur le dictateur ivoirien aurait enterré des corps humains en dessous des innombrables statues qu’il a construites à Abidjan. Toute chose qui lui conférait un certain pouvoir mystique. Vrai ou faux ? Toujours est-il que depuis sa chute, les Ivoiriens ont entrepris de détruire tous ses monuments. Dans la foulée, les statues de Nangui Abrogoua et du pêcheur à la caserne de l’Indénié à Adjamé ont été détruites également (Le Patriote 2011).
En somme, les quotidiens Nord-Sud et Le Patriote s’accordent à désigner le président Alassane et ses partisans comme les auteurs de la destruction de tous les monuments et statues érigés par leur adversaire l’ex-président Laurent Gbagbo et ses partisans. Ils soutiennent que toute la population ivoirienne approuve cette destruction. Toutefois, une grande ambiguïté réside au niveau des raisons avancées pour justifier cette destruction. Si le premier quotidien soutient la présence de corps humains sous tous les monuments et statues, le second article ne le confirme pas. La présence de corps humains confirmée dans Nord-Sud et l’absence de corps annoncée dans Le Patriote témoignent d’une interprétation divergente des raisons avancées pour justifier la destruction de ces monuments.
Quelque temps après ces premières prises de parole médiatiques qui soutiennent mais justifient différemment la destruction des monuments de la ville d’Abidjan, plusieurs discours contraires se font entendre en Côte d’Ivoire.
Discours d’indignations et de mécontentements
Dans un bref commentaire publié le 3 mai 2011, le quotidien L’Intelligent d’Abidjan s’oppose aux quotidiens Nord-Sud et Le Patriote qui ont annoncé l’approbation de toute la population à la destruction de ces monuments et statues. Selon L’Intelligent d’Abidjan, la destruction des monuments à Abidjan divise la population ivoirienne.
Le gouvernement Soro a entrepris, depuis sa prise effective du pouvoir, la destruction des monuments érigés sous l’ère Gbagbo. Il n’est pas rare d’entendre des passants s’étonner et exprimer leur désapprobation devant ce qu’ils qualifient d’œuvre de déconstruction. Une ville s’apprécie aussi par ses œuvres d’art disent certains (L’intelligent d’Abidjan 2011).
Si Nord-Sud explique qu’une population joyeuse s’adonne à la destruction des monuments, L’Intelligent d’Abidjan relate des sentiments d’indignation de certains Ivoiriens qui qualifient cette action de « déconstruction de la ville ». Pour ces derniers, les monuments et statues érigés sous l’ère Gbagbo sont des œuvres d’art, qui participent à l’embellissement de la ville d’Abidjan. Dans un autre article publié sur Le Blog d’Aymard par Aymard le 1er juin 2011, l’auteur du blog introduit ses propos par une triste commémoration des monuments détruits, en ces termes :
Tous les monuments édifiés par le régime Gbagbo dans le district d’Abidjan ne sont plus qu’un souvenir. Adieu le baiser des éléphants avec des trompes croisées à l’entrée ou à la sortie (c’est selon) de l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny de Port-Bouët ! Adieu le barrissement de deux autres éléphants entre le tribunal de première instance et la cathédrale Saint-Paul du Plateau ! Ces chefs-d’œuvre emblématiques de l’histoire générale de la Côte d’Ivoire parmi tant d’autres à caractère spécifiquement ethnosociologique ou religieux dont la statue Saint-Jean de Cocody sont désormais classés au nombre des énormes pertes causées par la guerre post-présidentielle du 28 novembre 2010. […] Que les monuments refondateurs d’Abidjan reposent en paix ! (Aymard 2011).
Cette commémoration est ensuite suivie par une critique des raisons insolites avancées par le parti au pouvoir pour justifier son action :
Superstition oblige ! Les combattants du nouveau président ivoirien Alassane Ouattara pour qui le diable se cache partout, dans la guerre d’Abidjan ayant atteint son point le plus horrible en avril 2011, y ont vu une citadelle dans leur rage d’arracher le pouvoir à Laurent Gbagbo. Comme dans un mythe ou légende digne d’Afrique, leurs voyants dont ils sollicitèrent les services leur ont révélé que ces réalisations cacheraient un des piliers mystiques sur lesquels reposerait le pouvoir de Laurent Gbagbo. Et qu’il fallait par tous les moyens les annihiler pour anéantir l’ancien chef de l’Etat. […] Mais partout où ces nihilistes déchaînés ont creusé sans battre les paupières avec des Caterpillar et autres engins, ils n’ont jamais sorti du sol le moindre margouillat ni ver de terre (Aymard 2011).
Le blogueur continue son discours en qualifiant les motifs avancés par les destructeurs des monuments d’« absurde[s] et de honteux ». Il explique que le gouvernement d’Alassane Ouattara n’a jamais pu prouver la présence de corps ou d’ossements humains aux yeux des médias de leur camp et du monde entier qu’ils avaient mis en alerte maximum. Cette prise de parole est explicitement l’expression d’une indignation face à la destruction des monuments d’Abidjan et l’expression d’un soutien inconditionnel à l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo.
[…] Laurent Gbagbo, durant son mandat, a honoré et sauvé ce qu’il y avait à faire dans l’intérêt supérieur de la jeune nation. Et ce n’est pas son plus grand adversaire, Houphouët, depuis sa tombe, qui se retournera. Que n’a-t-on pas entendu en effet à propos de ses crocodiles des lacs artificiels de sa ville natale de Yamoussoukro et les légendes des plus angoissantes aux plus mystiques qui entourent encore leur existence ! Et pourtant, à sa prise de pouvoir, Laurent Gbagbo n’a jamais songé à massacrer ces animaux. […] On croyait cette leçon de Gbagbo à ces successeurs pigée et à suivre. Hélas, la passion de certains a pris le dessus sur la raison (Aymard 2011).
Pour Aymard, la destruction des monuments d’Abidjan révèle une ignorance des valeurs touristiques d’une ville. Ainsi, une série de prises de parole s’attache à dénoncer cette indissociation entre les intérêts urbains et les intérêts politiques du gouvernement d’Alassane Ouattara.
Sur la page Facebook de Bouanzi Taki, les raisons avancées pour justifier la destruction de ces monuments sont qualifiées de superstitions :
Quand la superstition avait le pouvoir en Côte d’Ivoire et qu’on procédait à la destruction de monuments d’Abidjan… Alors l’on retrouve subitement la raison pour en rebâtir à la gloire de leurs dieux ! Superstition et obscurantisme sont deux faces d’une même médaille. Le pouvoir est vraiment une drogue qui enivre.
Un Ivoirien se cachant sous le nom de Soleil Levant traite quant à lui les destructeurs de monuments de barbares :
Avec un esprit primaire, sauvage et rétrograde comme ça, comment Ouattara pouvait-il réussir ? En 2011 ses barbares ont détruit tous les monuments historiques de la ville d’Abidjan ; même ceux qui datent d’Houphouët, sauf celui qui représente Djeni Kobina à Williamsville. Ils disent que « la puissance » de Gbagbo se trouve dedans. Eux-mêmes ont rendu Ouattara impuissant huit ans après, Zéro ! (Soleil Levant 2019).
Cette publication qui a fait l’objet de plusieurs partages, a été renchérie par des commentaires traitant ces destructeurs de monuments de « terroristes », d’« incultes », « de vrais barbares », de « vrais ignorants », de « bêtes et d’analphabètes », etc.
À l’évidence, ces discours s’opposent aux précédents discours qui soutiennent la destruction des monuments et statues d’Abidjan. Pendant que les premiers expriment une indignation du peuple ivoirien face aux découvertes macabres sous ces monuments et qualifient l’ex-président ivoirien d’occultiste, les seconds discours s’offusquent de l’indissociation entre les intérêts urbains, les intérêts politiques et religieux. Pour ces derniers, la destruction de ces monuments est l’œuvre d’une superstition infondée. Il y a donc d’un côté ceux qui expriment leur soutien aux actions du président Ouattara et de l’autre ceux qui soutiennent l’ex-président Gbagbo.
Sans soutenir un homme politique, le blogueur ivoirien Silué Oumar attribue la destruction des monuments d’Abidjan à l’omniprésence de la religion dans le champ politique ivoirien.
En effet, dans son article intitulé « Destruction des monuments érigés par le régime de Laurent Gbagbo ou la persistance de la religion dans la dynamique conflictuelle en Côte d’Ivoire » publié le 25 avril 2011, le blogueur Silué Oumar indexe la religion comme l’un des facteurs déclencheurs des crises politiques et urbaines ivoiriennes.
On peut lire plusieurs logiques dans ce projet de démolition de monuments. La plus importante est la persistance de l’idée de Dieu, de la religion dans le champ politique ivoirien. Cette idée a survécu et continue de survivre aux différents régimes politiques. Les premiers acteurs de la construction de la 3e République n’échappent pas à cette constante. Malgré eux, les acteurs politiques sont tous happés par l’irrésistible appel des sirènes de la religion en revêtant plusieurs formes. Sous Houphouët-Boigny on a parlé des pratiques fétichistes de certains opposants ou collaborateurs qui ont utilisé les fétiches pour nuire au Président. On se souvient de cet épisode plus connu sous le nom des « complots d’Houphouët-Boigny ». Plus récemment le Général-Président Guéï Robert a exhibé les appartements luxueux de l’ex-Président Bédié comme un « fétiche ». […] La religion apparaît sous les traits du marabout, du féticheur, de l’Imam ou du Pasteur.
Pour ce blogueur, la destruction des monuments est une conséquence de la cohabitation entre la politique et la religion dans l’exercice du pouvoir en Afrique.
Il faut retenir de l’analyse de ces différents discours médiatiques la divergence d’opinions dans l’interprétation de la destruction des monuments et statues d’Abidjan. Cette divergence d’opinions s’inscrit dans la suite logique d’un conflit politique et religieux antérieur qui oppose l’ex-président Laurent Gbagbo et le président Alassane Ouattara. Ainsi, la construction de ces monuments et statues par l’ex-président et leur destruction des années plus tard par le président Alassane et ses partisans révèlent deux formes d’appropriation des espaces publics par ces politiciens ivoiriens. L’analyse sémiotique se propose d’interroger ces appropriations implicites.
Construction et destruction des monuments ; conflit d’appropriation
Les conditions de constructions et de destructions des monuments et statues de la ville d’Abidjan semblent s’inscrire dans une logique de valorisation singulière des espaces publics de ladite ville pour les hommes politiques. Chaque singularité peut être sémiotiquement interprétée comme une forme singulière d’appropriation de l’espace urbain par le pouvoir politique ivoirien. Ainsi, l’analyse se propose ici d’interroger la construction des monuments et statues par l’ex-président Gbagbo et sa destruction par le président Ouattara comme deux actions d’appropriation qui s’opposent. Notons que cette étude sémiotique de l’appropriation consistera à identifier le sujet exerçant l’action d’appropriation, le sujet-objet subissant l’action et le sujet destinataire de l’action.
La construction des monuments et statues comme action d’appropriation de l’espace urbain
Dans l’idée de faire de la ville d’Abidjan une ville de référence dans la sous-région ouest-africaine, l’ex-président Laurent Gbagbo a marqué ses années de pouvoir par la construction de plusieurs monuments et statues visant à embellir la ville. Pour le camp adverse, la présence de ces monuments après l’arrestation de ce dernier était une marque d’identification du rival politique. Leur présence dans la ville d’Abidjan était, pour ces derniers, un constant rappel de l’ex-président dans la mémoire collective et dans le patrimoine culturel ivoirien. On en déduit sémiotiquement une forme d’appropriation de l’espace public par l’ancien président dans sa construction des monuments d’Abidjan durant son mandat présidentiel. Les espaces publics d’Abidjan qui ont abrité ces monuments et statues sont les sujets-objets de cette appropriation. Le président Laurent Gbagbo et ses partisans qui ont érigé ces monuments sont donc les sujets exerçant l’action d’appropriation. Le président Alassane et ses partisans sont les sujets mécontents de cette action qu’ils finissent par combattre en détruisant ces édifices urbains.
La destruction des monuments et statues comme suppression de l’autre
Pour les partisans du président Gbagbo, la destruction de ces mêmes monuments répond au besoin de supprimer l’autre, l’adversaire politique des mémoires collectives et de l’espace urbain. Cette destruction qui est suivie par le réaménagement de ces mêmes espaces peut donc être sémiotiquement interprétée comme une autre forme d’appropriation urbaine. Cette appropriation est traduite par la réécriture de soi là où l’autre avait écrit, après l’avoir effacé. Ici on a une inversion des rôles : les sujets exerçant l’action sont le président Ouattara et ses partisans ; les sujets mécontents de cette action sont les partisans de l’ex-président Gbagbo. Le sujet-objet reste l’espace public de la ville d’Abidjan.
En somme, retenons que si la construction des monuments d’Abidjan est considérée comme une appropriation de l’espace urbain de l’ancien président Laurent Gbagbo, cette appropriation se démarque de l’appropriation manifestée par la destruction de ces monuments. Contrairement à la première appropriation, la seconde procède par suppression de l’autre. C’est cette suppression de l’autre qui contrarie les partisans du président Gbagbo. Pour le blogueur Aymard, cette destruction est un manque de lucidité et de raison. En effet, il explique que Laurent Gbagbo n’a pas tué les crocodiles de son plus grand adversaire politique Houphouët, à sa prise de pouvoir, car « il n’ignore pas leur valeur touristique et historique, ainsi que celle de leur père » (Aymard 2011).
Conclusion
Plutôt que de réconcilier une population ivoirienne déjà opposée par la crise politique de 2000 à 2010, la destruction des monuments d’Abidjan par le président Alassane au lendemain de sa prise de pouvoir n’a fait qu’envenimer et accentuer la division sociale.
Il faut retenir de l’analyse de ces différents discours médiatiques, la divergence d’opinions dans l’interprétation de la destruction des monuments et statues d’Abidjan. Les divergences se situent à quatre niveaux :
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Au niveau de l’adhésion de toute la population ivoirienne à la destruction des monuments : Approbation de tous les Ivoiriens versus indignations des Ivoiriens ;
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Au niveau du rôle attribué à ces moments : fétichisme servant à envoûter la population pour certains versus œuvres d’art contribuant à l’embellissement de la ville d’Abidjan pour d’autres ;
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Au niveau des qualités attribuées à l’ex-président Gbagbo : dictateur et ensorceleur versus démocrate embellisseur ;
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Au niveau de l’appropriation de l’espace public ivoirien par les hommes politiques : construction versus destruction.
Cette divergence d’opinions s’inscrit dans la suite logique d’un conflit politique et religieux antérieur qui a toujours opposé l’ex-président Laurent Gbagbo et le président Alassane Ouattara.